Ledoeufre

Bio (français-english)

Né à Rochefort-sur-Mer en 1966, Frédéric Lucas, armé de ses carnets de dessin et d’un sac à dos, entreprend des voyages dès les années 80 et s’enrichit de multiples expériences. Attiré depuis longtemps par la pratique des arts, il reste cependant déterminé à exercer sa discipline en autodidacte résolu.

C’est de retour à La Rochelle, après un séjour d’une dizaine d’années outre-Atlantique où il a exposé et vendu ses premières toiles, qu’il entreprend, sous le pseudonyme Ledœufre, de détourner l’imagerie liée aux marins pêcheurs de la condition anecdotique et régionaliste qui lui est fréquemment affectée.

 

« Personnage ambivalent, pouvant incarner simultanément le héros qui risque sa vie pour rapporter de quoi nourrir ses semblables, mais aussi celui qui menace le futur de ces derniers par des pratiques destructrices de nos ressources, le marin pêcheur exerce un métier ancestral. Ce statut le pourvoit d’un immense héritage, d’une aura symbolique : lorsque H. Melville nous conte une chasse à la baleine*, il dépeint autant la folie des hommes et leur étrange destinée qu’une simple pratique commerciale.

Si le poisson devient le symbole de ce que l’on cherche dans cette vie, alors nous sommes tous des pêcheurs. Que ce poisson soit Saint Graal ou leurre, notre quête est jalonnée des notions de subsistance, de partage, de convoitise, d’amour et de mort. Quelque soit notre but, nous naviguons tous, guidés par les phares que sont nos concepts idéologiques, poursuivant nos insaisissables baleines blanches. »

 

Mais, si ce métier est de fait à l’origine de son inspiration, il devient ici un prétexte pour aborder des sujets plus intimes ou universels, tels que les relations humaines, notre insatiabilité ou la solitude de l’homo sapiens moderne.

Entremêlant étrangeté, poésie et ambiguïté, Ledœufre s’empare de l’imagerie maritime pour créer une atmosphère sombre et mystérieuse, véhiculée en partie par l’expression grave de ses personnages au visage inspiré des « arts premiers ». Un humour provoqué paradoxalement par ce même excès volontaire de solennité conjure cependant le pathos. L’inspiration picturale semble autant provenir de l’iconographie religieuse que des affiches de propagandes communistes ou encore, des œuvres des muralistes mexicains.

 

Ledœufre peint sur bois, sur toile et travaille aussi la terre, il revisite aussi la tradition de l’ex-voto en créant des pièces qu’il décline en autels, fétiches et autres icônes. Pour donner à ces dernières une apparence de vestige, il utilise des débris de bateaux, bois flottés et autres « laisses de mer » qu’il agrémente de miniatures sur bois et modelages en grès et porcelaine. Ces ex-voto peuvent être mis en scène sous la forme d’installations évoquant des lieux de cultes inconnus, reliques d’une civilisation adepte d’obscurs rituels marins.

 

« L’être humain est mon essentielle et inépuisable inspiration, mais, contrainte librement consentie, invariablement vu à travers un prisme maritime. »

 

* « Moby Dick », Herman Melville, 1851

Ledoeufre was born in 1966 in the French town of Rochefort-sur-Mer. He starts travelling around the world in the early 1980s, armed with his sketch book and backpack, an extremely enriching experience. Although he had already been attracted for quite a while to the practice of the arts, he keeps refusing to be academically instilled and therefore becomes a self-taught artist.

 

After more than ten years spent across the Atlantic ocean where he exposes and sells his first paintings, he decides to go back to La Rochelle, France. It is on his return that he starts distorting the iconography traditionally linked to deep-sea fishermen.

 

« Working as a deep-sea fisherman is an ancestral trade. We can consider these people as the last remaining “hunter-gatherers” of our modern society. This status provides them with an incredible heritage and a symbolic aura. When H. Melville tells us about his whale hunt, he depicts just as much the craziness behind man’s strange destiny as he does a mere commercial endeavor. If the fish itself becomes a symbol of who we are as much as of what we are looking for in this life, then we all are fishermen. Be this “fish” our Holy Grail or just a lure, our quest is strewn with a search for subsistence, the need to share, notions of longing, love and death. No matter what our goals are, we all sail through life guided by the lighthouses of our ideologies, in search of our own elusive white whale”.

 

All these dimensions are deeply rooted in Ledoeufre’s artwork so that the deep-sea fisherman’s experience ends up being a pretext in order to dive into more intimate subjects and often make them universal ones. Among those, his treatment of the complexity of the interrelations between men and women is repeatedly explored, and so are the consequences of our overconsumption, or again, the predicament and solitude of the modern Homo Sapiens.

 

By maintaining a certain degree of ambiguity, he mainly strives to create a balance. The atmosphere of his pieces is infused, through the frequent iconographic references to religion, with a sense of darkness and mystery. The appearance of his serious-looking characters clearly inspired by the ‘Tribal/ethnographic’ arts, enhances that feeling. He also manages to transform and lighten the viewers experience, making humor quite naturally emerge from a voluntary emphasis of the solemnity and “serious” looks of his ‘Fishermen’. Picturing those scenes almost as in a graphic novel certainly adds to the impression.

 

Ledoeufre, who enjoys transgressing established codes, also revisits the ex-voto tradition by creating works of art that he reinvents in the form of altars, fetishes and other iconic figures. In order to make each creation look like a vestige of the past, he uses pieces of raw material that have been abandoned by the sea, such as drift wood, fragments of wreck and other sea-wrack. He livens up these lucky finds with miniatures on wood, ceramic models and pieces of porcelain. These ex-voto can be staged in the form of installations reminding one of unknown cults, almost like relics of a civilization keen on obscure marine rituals.

 

Ledoeufre lives and works close to the city of Bordeaux.

 

(Always in walking distance of the water )

* « Moby Dick », Herman Melville, 1851

Né à Rochefort-sur-Mer en 1966, Frédéric Lucas, armé de ses carnets de dessin et d’un sac à dos, entreprend des voyages dés les années 80 et s’enrichit de multiples expériences. Attiré depuis longtemps par la pratique des arts, il reste cependant déterminé à exercer sa discipline en autodidacte résolu.

 

C’est de retour à La Rochelle, après un séjour d’une dizaine d’années outre-Atlantique où il a exposé et vendu ses premières toiles, qu’il entreprend sous le pseudonyme Ledœufre, de détourner l’imagerie liée aux marins pêcheurs de la condition anecdotique et régionaliste qui lui est fréquemment affectée.

 

«Le métier de pêcheur en mer est sans âge, nous pouvons les considérer comme les derniers «chasseurs-cueilleurs» de nos sociétés modernes. Ce statut les pourvoit d’un immense héritage, d’une aura symbolique: lorsque H. Melville nous conte une chasse à la baleine*, il dépeint autant la folie des hommes et leur étrange destinée qu’une simple pratique commerciale. Si le poisson devient le symbole de ce que l’on cherche dans cette vie, alors nous sommes tous des pêcheurs. Que ce poisson soit Saint Graal ou leurre, notre quête est jalonnée des notions de subsistance, de partage, de convoitise, d’amour et de mort. Quelque soit notre but, nous naviguons tous, guidés par les phares que sont nos concepts idéologiques, poursuivant nos insaisissables baleines blanches.Intrigué par nos contradictions, je vois dans ce personnage ambivalent, le héros qui risque sa vie pour rapporter de quoi nourrir ses semblables mais aussi celui qui menace le futur de ces derniers par des pratiques destructrices de nos ressources.»

 

Artiste professionnel depuis 20 ans, Ledœufre peint sur bois et sur toile, crée des assemblages de bois flottés et maintenant travaille aussi la terre. Entre ses mains, le marin pêcheur devient un prétexte pour aborder des sujets plus intimes ou universels tel que les relations humaines, notre insatiabilité et la solitude de l’homo sapiens moderne. Entremêlant étrangeté, poésie et ambiguïté, il cherche à créer une atmosphère sombre et mystérieuse, véhiculée en partie par l’expression grave de ses personnages inspirés des «arts premiers». Un humour provoqué paradoxalement par ce même excès volontaire de solennité et par un graphisme proche de la bande dessinée conjure cependant le pathos. Ses inspirations semblent autant provenir de l’iconographie religieuse que des affiches de propagandes communistes ou encore, des œuvres des muralistes mexicains.

 

Ledœufre se plait à briser les codes, revisite aussi la tradition de l’ex-voto en créant des pièces qu’il décline en autels, fétiches et autres icônes. Pour donner à ces dernières une apparence de vestige, il utilise des débris de bateaux, bois flottés et autres «laisses de mer» qu’il agrémente de miniatures sur bois et modelages en céramique et porcelaine. Ces ex-voto peuvent être mis en scène sous la forme d’installations évoquant des lieux de cultes inconnus, reliques d’une civilisation adepte d’obscurs rituels marins.

 

«L’être humain est mon essentielle et inépuisable inspiration, mais, contrainte librement consentie, invariablement vu à travers un prisme maritime.»

 

* «Moby Dick», Herman Melville, 1851

Ledoeufre was born in 1966 in the French town of Rochefort-sur-Mer. He starts travelling around the world in the early 1980s, armed with his sketch book and backpack, an extremely enriching experience. Although he had already been attracted for quite a while to the practice of the arts, he keeps refusing to be academically instilled and therefore becomes a self-taught artist.

 

After more than ten years spent across the Atlantic ocean where he exposes and sells his first paintings, he decides to go back to La Rochelle, France. It is on his return that he starts distorting the iconography traditionally linked to deep-sea fishermen.

 

« Working as a deep-sea fisherman is an ancestral trade. We can consider these people as the last remaining “hunter-gatherers” of our modern society. This status provides them with an incredible heritage and a symbolic aura. When H. Melville tells us about his whale hunt, he depicts just as much the craziness behind man’s strange destiny as he does a mere commercial endeavor. If the fish itself becomes a symbol of who we are as much as of what we are looking for in this life, then we all are fishermen. Be this “fish” our Holy Grail or just a lure, our quest is strewn with a search for subsistence, the need to share, notions of longing, love and death. No matter what our goals are, we all sail through life guided by the lighthouses of our ideologies, in search of our own elusive white whale”.

 

All these dimensions are deeply rooted in Ledoeufre’s artwork so that the deep-sea fisherman’s experience ends up being a pretext in order to dive into more intimate subjects and often make them universal ones. Among those, his treatment of the complexity of the interrelations between men and women is repeatedly explored, and so are the consequences of our overconsumption, or again, the predicament and solitude of the modern Homo Sapiens.

 

By maintaining a certain degree of ambiguity, he mainly strives to create a balance. The atmosphere of his pieces is infused, through the frequent iconographic references to religion, with a sense of darkness and mystery. The appearance of his serious-looking characters clearly inspired by the ‘Tribal/ethnographic’ arts, enhances that feeling. He also manages to transform and lighten the viewers experience, making humor quite naturally emerge from a voluntary emphasis of the solemnity and “serious” looks of his ‘Fishermen’. Picturing those scenes almost as in a graphic novel certainly adds to the impression.

 

Ledoeufre, who enjoys transgressing established codes, also revisits the ex-voto tradition by creating works of art that he reinvents in the form of altars, fetishes and other iconic figures. In order to make each creation look like a vestige of the past, he uses pieces of raw material that have been abandoned by the sea, such as drift wood, fragments of wreck and other sea-wrack. He livens up these lucky finds with miniatures on wood, ceramic models and pieces of porcelain. These ex-voto can be staged in the form of installations reminding one of unknown cults, almost like relics of a civilization keen on obscure marine rituals.

 

Ledoeufre lives and works close to the city of Bordeaux.

 

(Always in walking distance of the water )

* « Moby Dick », Herman Melville, 1851